jeudi 28 août 2008

Le temps passe

C’est en 1982 que je passe mon permis de conduire auto et moto. Ce fut l’objectif de l’année après avoir obtenu mon Bac en 1981, année de l’élection de F. Mitterrand à la Présidence de la République.
Je n’ai pas connu la conduite sur les routes sans limitation de vitesses mais je peux vous dire que les conditions de circulation ont vraiment changés depuis. Avant mon expérience au volant, il y a tout d’abord eu le choc pétrolier de 1973 et l’instauration de premières limitations de vitesses par Pierre Messmer. Je me souviens de la réaction de mon père furieux de ces mesures « démagogiques » alors qu’il venait d’acheter une splendide Alfa Roméo Alfetta plus rapide que sa précédente Giulia 1600.

En 1982, il y avait moins d’autoroute pour aller en Corrèze par la N20 (environ 500 km) il nous fallait entre 5 et 6 heures. Sur les départementales il n’y avait pas la peur du gendarme, alors on roulait vite 130-140 km/h. La notion de moyenne était plus importante et sur un parcours donné on savait en traversant certaines villes si nous étions en avance ou en retard.


Sur les nationales, il fallait savoir doubler, attendre le moment opportun afin de prendre l’élan nécessaire au dépassement. Bref, c’était une conduite beaucoup plus exigeante qu’aujourd’hui ou vous réglez votre limiteur de vitesses sur 130 km/h au début de votre trajet sur autoroute jusqu’à l’arrivée.
Je ne sais pas s’il y avait moins de trafic dans Paris en 1980, en tout cas je roulais comme un fou, me donnant des temps à battre pour traverser les beaux quartiers. Qu’elle insouciance !!!!
Aujourd’hui, c’est tout simplement impensable entre les radars fixes, les mobiles et les couloirs de bus. Et dire que Georges Pompidou grand amateur d’automobile avait lancé de grands travaux (voies sur berges) afin de fluidifier la circulation dans la capitale.
C’est ainsi qu’une fois mon permis rose dans la poche j’ai commencé à sillonner Paris au volant de la Renault 5 GTL blanche avec toit ouvrant de ma mère. Son grand point fort pour moi débutant, ses pare-chocs latéraux en plastique non peints.


A cette époque, j’étais un jeune veinard. Au moment de changer sa voiture, nous étions consultés mon frère et moi. Bien sur c’était sa voiture mais elle ne s’en servait que dans Paris et surtout avec comme objectif de refaire le plein. Avec du recul elle était patiente. Avec le temps et le départ de mon frère de la maison, je suis devenu responsable du parc automobile de la famille. A moi les prises de rendez-vous, déposer et récupérer nos voitures chez les concessionnaires.


Puis ce fut l’arrivée d’une Talbot Samba 80HP. Je me souviens le vendeur était venu à la maison, mon père l’avait reçu dans son bureau et nous avait appelé pour choisir le modèle. Ma mère avait simplement donné son accord. La Samba avait été bien négociée mais ce fut véritablement une cochonnerie, une mauvaise voiture. Construite sûrement pendant des grèves à Poissy, rien n’allait. Dès la première semaine, pour une fois que mon père la prenait, le radiateur se fendait. Puis ce fut l’attache de la banquette arrière cassée au bout d’un mois sans parler des portes mal ajustées et du carburateur Solex impossible à régler durablement. Bref, au bout de 12 mois, nous rendons à Peugeot cette m…pour acheter la nouvelle 205 en finition SR 5 portes verte.
C’est à son volant que j’ai eu mon premier accident. Heureusement sans gravité, mais je ne suis pas fier d’expliquer les circonstances par téléphone à mes parents.
La voiture de ma mère était véritablement utile à tous mes amis, nous partions tout le temps en week-end ou en vacances ensembles. Du covoiturage avant l’heure. Au même moment une autre 205 commençait à faire parler d’elle, la Peugeot 205 T16. A Paris les 205 GTI fleurissaient dans les beaux quartiers. C’était LA voiture à avoir. Combien de kilomètres j’ai pu faire au volant de notre version familialle en rêvant de cette version.


C’est comme d’habitude un concours de circonstance qui poussa mon père à en acheter une. Mon frère venant de rentrer chez PSA bénéficiait de tarifs avantageux. Ce fut donc l’argument choc et nous avons eu notre première Peugeot 205 GTI 105 ch. blanche en mars 1985. La 105 ch. était sa 1ere motorisation, plus tard le moteur évolua en 115 ch. et enfin en 130 ch., mais ce n’était plus la même voiture.
Quel bonheur !!! C’est vraiment une voiture au volant de laquelle j’ai fait énormément de kilomètres et avec laquelle j’ai eu beaucoup de plaisir (de mars à décembre 85 - 14.000 km). Une vraie voiture de sport avec toutes ses exigences. Légère, maniable, un train avant incisif, un train arrière joueur en levée d’accélérateur, une direction précise ….. le nirvana pour un jeune conducteur chanceux.
Que de souvenirs d’attaque sur les routes sinueuses. Son tableau de bord était complet avec de nombreuses indications de températures et de pression.
Ses points faibles, un ralenti perfectible mais facile à régler, un train avant à resserrer de temps en temps, des bruits parasites dans le tableau de bord et un joint de toit ouvrant bruyant. Le jour où j’ai enfin quitté le nid parental, je suis parti avec la 2ème GTI de ma chère mère. Je l’ai gardé 2 ou 3 ans, hélas la pauvre n’a pas bénéficié de soins mérités en raison de mes moyens financiers limités. Il faut avouer que déjà mon budget partait dans des voitures de collection. J’ai fini par la vendre à un « jeune conducteur» qui l’écrasa peu de temps après contre un rail de sécurité.


Aujourd’hui je regrette un peu de ne pas l’avoir gardé comme envisagé un moment. Mais elle reste pour moi comme la R8 Gordini pour une autre génération, un outil de plaisir lié a une tranche de ma vie ou nous étions optimistes et insouciants.